Always look on the bright side of life chantaient les Monty Pythons. Plus facile à dire qu’à faire. Surtout quand vous vous retrouvez fatigués, à des milliers de kilomètres de chez vous dans un endroit inconnu à échanger des noms d’oiseaux avec votre partenaire de voyage parce que l’un a réservé un vol pour Portland Oregon et l’autre un hôtel pour Portland Maine (ce qui explique pourquoi cet hôtel était vraiment pas cher). Ou parce que vous vous rejetez mutuellement la responsabilité de la visite de ce Believe it or not, qui, il faut bien l’avouer, ne valait ces deux heures de visite et les 14$ d’entrée par personne.
Je vais donc ici faire ma Hailey Baldin Bieber avec vous et faire preuve d’honnêteté. Parce qu’un voyage ce ne sont pas seulement les photos retouchées qu’on poste sur les réseaux sociaux. Et aussi parce que c’est plus drôle comme ça et aussi parce que, en étant vraiment optimiste, on peut presque toujours tirer un bon plan de ces expériences malheureuses.
*Le tour de Taroko en bus:
Voici la photo Instagram que j’ai prise lors de ma visite des gorges de Taroko.
Le parc national de Taroko est sans doute le site naturel le plus réputé de Taiwan, avec le Sun Moon Lake. C’est là que vous pouvez admirer les falaises de marbre, emprunter le chemin des hirondelles et autres ponts suspendus qui mènent à des temples bouddhistes. C’est un paradis de la randonnée qui se visite à pieds, en vélo, en moto ou en voiture. Il est possible de dormir pas trop loin et de profiter de plusieurs jours sur place. Ce que j’aurai du faire. Mais en préparant mon itinéraire, j’ai fait des choix et les «4 jours à Taroko» se sont transformés en une excursion d’une journée avec un site bien connu de voyage et d’avis. Sur le papier, ils proposaient la prise en charge depuis l’hôtel à 5h30 du matin, le trajet en train jusqu’à Hualien puis une visite des gorges avec des parties en bus et d’autres parties à pied. Le programme proposait même une escale sur la côte est pour contempler la mer.
C’était ma première expérience de tourisme de groupe. J’ai très mal vécu la cadence imposée par la guide: pas plus de 30 minutes sur le sentier des hirondelles, une vingtaine de minutes pour aller au pavillon de l’orchidée et pas le temps pour approcher l’Eternal Spring Shrine. À chaque escale, là où j’aurais voulu marcher, observer, et prendre mon temps, la guide nous pressait comme une maîtresse d’école. Le pire étant cette halte de 6 minutes au bord à la plage de Qixingtan durant laquelle elle nous a poursuivis en tapant des mains pour nous faire rentrer dans le bus tel un troupeau égaré. A moins que cela ne soit la visite de cette boutique d’objets en jade qui elle a duré plus d’une heure et que je ne pensais pas inscrite au programme.
The bright side of life: J’ai eu le droit à une visite expresse des grottes de Taroko. Sur le bingo du touriste, je suis gagnante: je peux mettre une photo de moi devant chacun des sites renommés. Niveau expérience humaine, j’ai réussi à prendre sur moi et à n’insulter personne. Et ça demande vraiment beaucoup d’énergie quand on s’est levé à 5heures du matin.
L’alternative:Pour le prix, vous pouvez largement louer un chauffeur personnel ou un taxi depuis la gare de Hualien. Et vous ferez des économies. Je suis même sûre que pour le prix, vous pouvez passer 2 jours sur place et utiliser la navette du parc ou un véhicule avec chauffeur.
**La chambre sans fenêtre à Kaohsiung:
Ça c’est la photo pour Instagram. Une piscine sur le toit avec une jolie terrasse verdoyante. On se dit tout de suite que l’hôtel a l’air hyper classe et que j’ai dû dénicher un bon plan de malade pour pouvoir m’y payer une chambre.
Le bon plan a pris la forme d’une chambre sans fenêtre. J’ai découvert que ça existait lors des réservations pour ce voyage. Et c’est assez vite devenu mon obsession, ne pas réserver une chambre aveugle. J’avais très peur du sentiment d’enfermement. Et évidemment, loi de l’attraction oblige, j’ai réservé la dite chambre. La bonne nouvelle, c’est que l’impression d’être dans un épisode de Oz n’est pas si présente que je l’aurai imaginé. La chambre était bien pensée avec des lampes et des rideaux disposés habillement, pour faire comme si il faisait jour dehors mais que l’on avait choisi de fermer les volets. La lumière était modulée en fonction du moment de la journée pour garder un semblant de rythme. Et puis on se dit que cette chambre, on va essentiellement y dormir, que quand il fera jour on sera dehors.
Le vrai inconvénient? L’odeur. Pas de fenêtre veut aussi dire pas d’aération. Et malgré toute sa bonne volonté, la VMC, ne peut pas remplacer une bonne vieille fenêtre. En arrivant dans la chambre, ça sentait un peu bizarre. Un mélange d’humidité et de renfermé. L’odeur n’a fait qu’empirer au fil des jours. D’autant plus que l’hôtel était à Kaohsiung, au bord de la mer et qu’entre les maillots de bain et les draps de plage, on avait pas mal de trucs à faire sécher. La veille de notre départ, le quatrième jour, on avait l’impression de vivre dans le vestiaire d’un club de sport. Ou plutôt dans la chaussette oubliée dans un casier dans un vestiaire de club de sport. Et ça, ce n’était vraiment pas du tout instagramable.
The bright side of life: Si vous n’avez pas d’odorat ou que vous avez envie de réveiller votre mémoire olfactive avec une odeur digne de la chambre de vos potes de collège, la chambre sans fenêtre vous permettra de séjourner dans des hôtels offrant de belles prestations et bien situés à des prix intéressants.
La parade : une bougie parfumée.
***De l’importance de bien comprendre le décalage horaire.
S’il y a un truc qui ne m’a jamais intéressée à l’école c’était les problèmes de maths du style le train pour Évreux part à 10h40 et roule à 45km, à quel moment croisera-t-il le Paris Brest qui lui est parti à 08h54 et roule à 210km/h. (Pas la peine de compter, sans doute jamais ou alors dans une réalité parallèle). Je me contentais de répondre au hasard ou de copier sur mon voisin si lui-même n’avait pas eu la flemme de faire l’exercice. Alors autant vous dire que je fais une confiance aveugle aux compagnies aériennes pour me dire à quelle heure locale je vais arriver après un vol de 12heures. Et je ne cherche pas plus loin. Sauf que si l’avion arrive à l’aéroport de Taipei à 5h40 et que la chambre est disponible à 16heures, combien d’heures faudra-t-il patienter avant de prendre une douche? Et combien de minutes faudra-t-il occuper jusque-là, en sachant que les formalités douanières et le trajet jusqu’au centre-ville sont plutôt rapides? La réponse est beaucoup trop, si comme moi, vous avez du mal à être opérationnel après avoir passé 30 heures sans dormir dans un lit. Ou pire, si comme mon fidèle compagnon de voyage vous êtes incapables de dormir dans un avion.
The bright side of life : Si vous arrivez à dormir dans l’avion, vous pouvez sans soucis déposer vos bagages à l’hôtel et profiter dès votre arrivée d’une pleine journée sur place. Vous économisez ainsi une nuit d’hôtel.
La parade: Certains hôtels proposent un early check-in moyennant un supplément. Vous pouvez aussi envisager de louer une chambre pour quelques heures dans un hôtel capsule, histoire de faire une sieste et prendre une douche.
****La plage debout
Déjà cette baignade s’annonçait mal. On avait eu du mal à trouver la plage qui était pourtant indiquée sur le guide, Google maps et même par des panneaux dans la rue. C’est en essayant de traverser le parking de leur hôtel que des touristes américains nous ont renseignés et indiqué la plage. En arrivant sur les lieux, pas de doute, c’est bien une plage avec la mer, du sable et des gens. Personne n’est en maillot et encore moins dans l’eau mais ça ne m’étonne pas plus que ça. En Asie, les gens se baignent assez peu dans l’océan. Mais ce n’est pas mon cas. J’ai enfilé mon maillot depuis le matin et je compte bien ajouter un nouveau lieu de baignade à mon palmarès. Mais là, surprise, un peu partout sur la plage, il y a des pancartes qui expliquent, dessin à l’appui, qu’on peut être debout dans l’eau mais pas nager ou être allongé! Grand moment de solitude. J’ai très envie de me baigner mais je ne suis pas sûre de comprendre le panneau. Heureusement, un touriste allemand plus débrouillard que nous (et accompagnée d’une Taiwanaise qui elle a dû comprendre le sens de l’interdiction) part se baigner. J’y vais donc à mon tour. Jusqu’aux épaules. L’eau est bonne et même si il y a un peu de courant et de vagues, c’est super frustrant de ne pas pouvoir nager. Je reste debout dans l’eau à sauter dans les vagues et à m’interroger sur le concept jusqu’à ce que le soleil se couche et que l’eau devienne trop froide. Au loin, je regarde presque avec envie les clients de l’hôtel qui eux peuvent se baigner dans une piscine. En entier.
The bright side of life : Vous pouvez aussi profiter de la plage comme les Taiwanais et beaucoup de leurs voisins: faire des photos en robe de mariée et en costard, faire des photos habillé en surfer avec une planche mais sans toucher l’eau… Ou alors vous pouvez profiter de la plage en les regardant utiliser cet endroit pour tout sauf ce que vous étiez venus faire. Le tout en vous interrogeant sur l’intérêt d’aller au bord de la mer dans une robe avec une traîne de 15 mètres, un jour qui n’est même pas celui de cotre mariage.
La parade : le meilleur endroit pour se baigner à Kaohsiung est sans doute Qijin. La plage est surveillée et la mer moins agitée.
***** La piscine de l’hôtel et les tatouages à Okinawa.
Il y a vraiment beaucoup d’histoires aquatiques dans ce billet. Vous allez penser que je passe mes vacances en maillot de bain à la recherche d’un endroit où faire trempette. Et vous n’avez pas totalement tort.
Lorsque je suis allée au Japon, je savais que mes tatouages allaient m’exclure d’un certain nombre de pratiques et notamment des Onsens, ces bains chauds traditionnels. Lorsque j’ai réservé notre hôtel à Okinawa, j’ai vu que certains proposaient une piscine et aussi des bains chauds proches du principe des Onsens pour la clientèle. J’ai voulu tenter le coup en me disant qu’en tant que cliente de l’hôtel, les tatouages seraient mieux acceptés. L’hôtel étant un lieu privé, fréquenté par des étrangers dans une île accueillant également une importante population militaire américaine, j’imaginais que l’adage tatouage = mafia ne s’appliquerait pas.
Grossière erreur. J’ai compris mon excès d’optimisme quant à la tolérance du lieu lorsque j’ai débarqué en maillot et avec ma serviette devant une pancarte qui énonçait les consignes d’accès à la piscine. Au milieu des prenez votre douche avant, portez un maillot de bain et autre on ne court pas au bord du bassin, le dessin d’un mini tatouage tribal barré. Un peu comme le No Dolphins que certains artistes apposent sur la porte de leur studio. Et au cas où je n’aurais pas compris que je n’étais pas la bienvenue (ce que je m’apprêtais à faire, sur un malentendu ça peut toujours marcher) il fallait passer devant un monsieur dont le boulot était de distribuer les serviettes et aussi de vérifier que les consignes étaient bien respectées. Même si je ne parle pas japonais, j’ai tout de suite compris à la tête qu’il a fait en nous voyant que pour nous ça n’allait pas être possible. Pas de serviettes, pas de baignade.
The bright side of life : Être étranger et avoir des tatouages au Japon permet de discuter avec les gens. Les enfants notamment sont plutôt curieux et vous demandent poliment s’ils peuvent regarder ou toucher. C’est un bon moyen de briser la glace et de rentrer en contact les Japonais.
La parade : Pourquoi aller à la piscine quand on peut aller à la plage? L’archipel d’Okinawa recèle d’endroits paradisiaques déserts où j’ai pu barboter. Pour les Onsens, certains espaces privatifs acceptent les étrangers tatoués. Sinon vous pouvez aller en Corée, là-bas, ils s’en fichent complètement!